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Le Rameau d'Olivier

UN TEMPS POUR PARDONNER

Extrait du livre témoignage de Kim Phuc Phan Thi

« SAUVÉE DE L’ENFER »

J’ai beau parler avec enthousiasme des nombreuses bénédictions que Jésus apporte dans ma vie lorsqu’on le reçoit et que l’on se soumet à lui, lorsqu’on lui obéit et qu’on cherche à lui plaire, je reconnais que vivre pour lui peut avoir un prix élevé. Pour moi, ce qui m’a été le plus difficile dans ma marche avec le Seigneur, a été une « petite chose » appelée « pardon ».


J’étais reconnaissante à Dieu de ce qu’il m’avait pardonné, mais je n’étais pas certaine de pouvoir étendre ce pardon à ceux qui m’avaient fait du mal.

Je n’étais pas sûre de pouvoir pardonner à mon tour.


(Pendant la guerre du Vietnam, Kim Phuc Phan Thi, courait sur une route pour échapper au feu après un bombardement au napalm. Qui ne connaît pas la photo de cette fillette de 8 ans, nue, fuyant le feu du napalm. Image bouleversante, emblème de la guerre du Vietnam, qui a fait le tour du monde, montrant l’horreur d’un conflit qui compte parmi les plus meurtriers du 20e siècle.)


J’avais lu deux versets en Luc 6. 27, 28 : « Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous détestent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. »


Il doit y avoir une erreur, avais-je pensé. J’ai peut-être mal lu.

J’avais relu le passage, cette fois en me concentrant sur la fin :

« Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. »

Bénir ceux qui me maudissent ? Prier pour ceux qui me maltraitent ?

Mais comment était-ce possible ?

J’avais fixé des yeux ces versets durant un long moment, puis je m’étais mise à rire. « Oh Seigneur, avais-je prié tout haut, ne te souviens-tu pas des nombreux ennemis que j’ai ? »

Puis, j’avais commencé à les énumérer.

Tout en haut de la liste, bien entendu, j’avais inscrit ceux qui avaient été impliqués dans la destruction de mon pays et dans le largage des bombes au napalm, ces bombes qui avaient changé le cours de ma vie à jamais.

D'abord les stratèges qui avaient élaboré les plans de bataille, les commandants qui avaient donné l’ordre de procéder aux attaques aériennes, les pilotes qui avaient largué les bombes : je leur en voulais terriblement à tous.

Je ne pouvais pas mettre de nom sur chacun de ces coupables, mais tous avaient une place sur ma liste. Ensuite j’avais noté, les uns après les autres, les agents du gouvernement qui avaient anéanti mes rêves. Ils m’avaient utilisée pour leur propagande, s’étaient servis de moi pour ainsi dire quotidiennement, et j’estimais qu’ils devaient payer pour cela.

Si l’on vous frappe une fois, voire deux, vous pouvez peut-être encore pardonner. Mais si quelqu’un vous roue de coups quotidiennement, vous exploite sans cesse, gâche votre vie continuellement ? Vous ne pouvez pas lui pardonner. J’en étais plus que certaine à ce moment-là.

J’avais travaillé sur ma liste pendant presque une heure, ajoutant des noms ou des fonctions au fur et à mesure qu’ils me venaient en tête.

Et à la fin de cet exercice épuisant, j’avais refermé ma Bible avec force en pensant :

- Leur pardonner ? Il n’en est pas question ! C’est tout simplement impossible. La vie chrétienne, c’est trop difficile.

J’avais de la peine à accepter et à mettre en pratique cette exhortation de Jésus, si élevée, si noble.

On m’avait fait terriblement souffrir, et j’avais peur que le fait de pardonner aux coupables revienne à minimiser, voire à approuver leur péché. Comment justice pourra-t-elle être faite si je ne défends pas ma cause moi-même ? Me demandais-je.

Et pourtant, j’avais continué à trouver d'autres versets sur le pardon (Matthieu 6. 14,15 ; 18. 34,35 ; Romains 12. 19 ; Éphésiens 4. 32 ; 1 Pierre 3. 9)

La Bible m’appelait à être bonne, pleine de compassion envers les autres et à croire que la vengeance était l’affaire de Dieu et non la mienne.

Je comprenais ce qui m’était demandé, mais j’avais beaucoup d’arguments à opposer à cela :

- Oui, Père, disais-je, mais tu ne comprends pas l’ampleur de ma souffrance ! Oui, je sais que tu me demandes de pardonner, mais j’ai vécu de tel moments de terreur, j’ai assisté à une telle destruction, j’ai été tellement exploitée, j’ai de telles cicatrices ! Oui, je sais que la vengeance t’appartient, mais toutes ces années qui m’ont été volées ! Est-ce que je n’obtiendrai pas justice ? Oui, pardonner est la bonne chose à faire, mais Seigneur, je ne pourrai jamais. Oui, mais … Oui … mais … non.

Même la question honnête que pose le disciple Pierre en Matthieu 18. 21 me laissait perplexe : « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Est-ce que ce sera jusqu’à 7 fois ? À quoi Jésus répond : Je ne dis pas jusqu’à 7 fois, mais jusqu’à 70 fois 7 fois, c’est-à-dire jusqu’à 490 fois ! »

La folie de mes pensées ne m’est apparue qu’au moment où j’ai été placée devant un choix, où j’ai dû décider si je voulais suivre le chemin de la paix et de la joie, ou bien celui de la souffrance, de l’amertume et de la colère.

Etais-je réellement prête à me soumettre à la Seigneurie de Jésus-Christ ? Quel chemin allais-je choisir ?


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